Banksy et Dismaland

Le street artist a créé, avec une cinquantaine d’artistes, un parc d’attractions éphémère à côté de Bristol, sa ville natale.
Weston-super-Mare, nombril du monde ? Avant d’avoir la moindre idée de l’événement qui se tramait dans le plus grand secret depuis des mois, les regards des curieux du monde entier étaient depuis quelques jours braqués sur cette petite cité balnéaire endormie du Somerset, au sud-ouest de l’Angleterre, à une trentaine de kilomètres de Bristol. Des indices laissaient penser que Banksy l’avait élue comme théâtre d’un nouveau projet. L’hypothèse a électrisé les réseaux sociaux. Jeudi 20 août au matin, le voile était officiellement levé : le plus célèbre et mystérieux des artistes urbains annonçait sur Internet l’ouverture dès le lendemain de Dismaland (mélange de Disneyland et de lugubre), son « Bemusement Park » (jeu de mot entre parc d’attractions et perplexité). Et la modeste Weston-super-Mare devenait, à la grande surprise de ses habitants, the place to be. Une destination convoitée qui se présente pourtant comme « le nouveau parc d’attractions le plus décevant de Grande-Bretagne ! », et « un festival artistique, d’attractions foraines et d’anarchisme de bas niveau », comme le précise le plan des lieux avec cette tournure d’esprit savoureusement provocatrice devenue la marque de fabrique de l’artiste.
« Un souvenir d’enfance »
Le choix de cette ville pour imaginer son parc désenchanté n’était pas tout à fait un hasard. Sur ce même site, large promontoire en pierre sur la plage, existait une piscine, le Tropicana, fermée il y a une quinzaine d’années. Enfant, quand Weston-super-Mare était encore une destination populaire du week-end pour les habitants de Bristol, le jeune Banksy la fréquentait. « Il vient faire revivre un souvenir d’enfance, qu’il partage avec beaucoup de monde ici », explique son ami Inkie, figure du graffiti à Bristol.
Dans un entretien au magazine d’art urbain Juxtapoz, Banksy explique que ce public de locaux, qui ne fréquente pas les musées dans leur majorité, est aussi, pour lui, « le public parfait » pour découvrir les œuvres de la cinquantaine d’artistes qu’il a choisi de présenter. « Banksy n’a pas fait d’école d’art, c’est une personne du peuple, et il continue à s’adresser à tout un chacun dans ses œuvres. L’art est pour lui une plate-forme pour commenter notre société », souligne Rob Dean, qui dirige Where The Wall, une structure consacrée  à la culture du street art à Bristol.
L’inauguration, vendredi 21 août, illustrait parfaitement l’immense spectre de son public, avec la session de la journée réservée aux locaux et la session du soir réservée aux invités triés sur le volet, venus du monde entier, galeristes, artistes, collectionneurs. La première a attiré des gens de tous âges, dont certains ont campé sur place pour être sûrs d’avoir l’une des mille entrées en avant-première, comme Terry Hatt, sémillant octogénaire en costume à motifs Union Jack. « C’est fantastique pour nous d’avoir une exposition qui parle de la société contemporaine, plutôt que des peintures anciennes. Ça nous parle d’aujourd’hui, du monde globalisé », explique James, 31 ans, qui a affronté la nuit avec une chapka. « Ce qui me plaît, chez Banksy, c’est que cela incite toujours à réfléchir. Il montre la face sombre des choses, ce que l’on n’a pas envie de voir, c’est courageux », estime Shane, travailleur social de 40 ans.

LOT n°171
BANKSY
BANKSY (1974) - " Space girl ", Weston Super Mare, 2015 - Souvenir de Dismaland : "Enjoy your free Art" -Aérosol et pochoir sur carton - Signé, porte la mention "BANKSY IS DISMAL" none avec tampon de Dismaland.…
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