A la rencontre de Pablo Picasso

Richard de Grab, photographe, a interviewé dans les années 1960 de nombreux artistes et musiciens, dont Pablo Picasso.

Richard de Grab rejoint Pablo Picasso à la plage, sur la Côte d’Azur, l’été 1963. Le peintre espagnol y passait des heures, toujours entouré par de nombreux amis et membres de sa famille.

Il avait pris l’habitude de recevoir à cet endroit.

De Grab se souvient d’un débat entre Jacques Prévert et Picasso sur la corrida. La discussion fut si vive que le grand poète tomba de sa modeste chaise sur le sable.

Picasso préférait éviter les discussions artistiques en présence de son entourage.

De Grab a quand même pu poser quelques questions à Picasso.

Qu’est-ce qui vous a conduit vers le cubisme ?

Quand j’étais enfant, je dessinais comme un Rafaël, mais il m’a fallu toute mon existence pour apprendre à dessiner comme un enfant. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour l’œuvre d’Ingres. Copier les autres est nécessaire mais se copier soi-même, voilà qui est tragique… Faire des tableaux était aussi important pour nous que de découvrir ce qui nous entourait. »

La recherche était-elle donc au centre de votre démarche ?

« Chercher ne signifie rien en peinture, c’est trouver qui est important. Quand on peint on ne sait pas ce qui va surgir, ce n’est pas de l’indécision mais tout change au fur et à mesure que l’on travaille… »

Quelle est l’idéologie qui vous anime ?

« La réalité dépasse l’objet lui-même, c’est la manière dont on voit les choses. Je cherche toujours la supraréalité… »

Pensez-vous que la peinture est un art suprême, comme l’affirment certains peintres ?

« Les arts sont très proches les uns des autres : on peut écrire un tableau avec des mots comme on peut peindre des sensations dans un poème. »

Et quelle est votre œuvre d’art préférée ?

« J’ai découvert avec ravissement « L’institutrice polonaise » du Douanier Rousseau, je l’ai gardé des années chez moi et c’est encore une des œuvres que je préfère. » La trouvaille de ce tableau est amusante. Il avait découvert ce tableau rue des Martyrs, chez un marchand de literie et de matelas.

Sur la plage, les admirateurs, de tout âge, ne manquaient pas. Un petit enfant s’approche timidement vers le peintre, un bout de papier en main. Picasso sortit alors d’une imposante mallette un crayon pour signer l’autographe avec bienveillance. Cette mallette, il l’emportait toujours avec lui. Elle contenait de nombreuses livres à propos de Picasso. Il rentrait ensuite avec, le soleil se couchant sur la Côte d’Azur.

Elodie Couturier
Archives Expertisez


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